12 mai 2007

Critique de Sang d'Irah


compte-rendu de lecture paru sur le blog "Plume Sauvage" :

Encore un roman rapporté de ma virée parisienne qui m'a rendue insomniaque. Pourtant, peu après son achat, on a essayé de me faire peur en me disant que plusieurs personnes n'étaient pas parvenues à lire cette auteur. C'est là qu'on se rend qu'on que d'une personne à une autre, l'approche d'un ouvrage peut vraiment varier à 180 °.
Car j'ai adoré le style, tout simplement !

"Sang d'Irah" est une superbe fresque, très prenante, avec des personnes aux destinées et aux caractères impressionnants, finements retranscrits. Pas de bons ou de méchants ici, rien de manichéens et c'est bien ce qui me plait. Même dans leurs pires actes, les personnages ont leurs raisons d'agir, tour à tour émouvants, pathétiques, convaincants, passionnés, autant de destins qui se percutent pour le meilleur et le pire, plongeant parfois les êtres qui leurs sont le plus chers au bord de la folie ou de la mort. Sans même parler des véritables chocs culturels, par exemple lors de l'apparition de Nicolas, puis de son retour avec des idées 'modernes' qui ne peuvent trouver échos à Nopalep, île hors de l'espace et du temps qui n'a pas évolué depuis des siècles. C'est bien ce que nous décrit l'auteur, une île continent qui sort de son inertie, ce qui entraîne la chûte prévisible de civilisations entières. Elle a superbement rendu, à mon avis, la mélancolie de ces personnages qui prennent conscience qu'avec leur fin c'est un mode entier de croyances et de coutumes qui périclyte.

Et au milieu il reste Duncan, droit et entier, homme d'un autre âge qui pousse l'admiration même chez ses ennemis.

J'ai eu une chance énorme, pouvoir parler de ce livre avec son auteur après l'avoir lu, sur le forum Littérature Fantastique. D'ailleurs, je ne me suis pas cassée la tête, cet article est ni plus ni moins mon ressenti "à chaud" de ce que j'y avais décrit (je suis une feignasse, je vous l'ai déjà dit !).

J'avais donc ajouté une note pour l'auteur sur le forum, dans laquelle j'avouais que je ne savais que répondre à la question posée en dédicace sur le roman lors du salon du livre de Paris... La question était tout simplement de savoir quel serait mon personnage préféré... et si je me retrouverais dans la reine Maryanor.
J'avoue que le personnage de Sail est particulièrement "grand", se dépassant et se consumant par amour des siens, mais tous sont si bien cernés que j'ai éprouvé un réel plaisir à les suivre, même lorsque leurs décisions étaient réellement contestables. Tous ont leurs forces et leurs faiblesses, ce qui les rend à la fois attachants et répugnants. Une belle galerie de personnages !

Je découvre cette auteur donc je ne m'avancerai pas sur ses autres romans. Ca m'a quand même fait une drôle d'impression d'arriver à la fin et de découvrir qu'une suite est prévue, car c'est déjà un roman très dense (je ne suis pas amateur de multilogies). Ce qui est très agréable c'est que l'auteur ne coupe pas la lecture, du genre "à suivre" en plein milieu d'une action. Elle a traité son livre comme un one-shot, ce qui est très respectueux des lecteurs, tout en mettant en place la génération suivante, donc évidemment, pour ceux qui ont aimé, ça met l'eau à la bouche...

Bon, j'ai beaucoup causé là, mais j'imagine Sieglind ou Adu me tomber dessus en me disant "c'est bien mais... ça parle de quoi ?"

Au tout départ, le Prince chevalier Duncan d'Irah rend visite à sa très jeune fiancée la reine Maryanor (alliance politique décidée quand elle était au berceau, mais qui à la grande surprise de tout le monde s'est changée en une véritable passion, arrête de glousser Sieglind, oui on se doute que ce n'est pas une visite de courtoisie).
Le Prince est dans une position délicate car ce mariage peut permettre au royaume de sa douce d'absorber le sien, il a donc déjà pris ses précautions de ce côté. Du coup il sait que cette alliance n'est plus aussi avantageuse aux yeux des dirigeants du royaume de Nicée.
Il a cependant confiance en se rendant auprès de sa dulcinée à sa demande. Mais il déchante car elle a quelque chose de terrible à lui apprendre (de préférence en public devant l'ensemble des pontes du royaume, merci l'humiliation). Car la Reine est aussi la grande prêtresse de Soral, dont le culte règne sur le royaume de Nicée, et le Kassapu (prêtre) de ce culte est parvenu à la convaincre qu'elle devait annuler ses fiançailles pour réaliser le Grand Partage avec le roi Sail, véritable homme-Dieu d'Orkaz, contrée désertique du sud qui s'est allié aux Trolls Lycanthropes du nord dans l'espoir de pouvoir récupérer eaux et terres arables. Le Grand Partage est une cérémonie qui a permis aux Reines, sur des générations, de plier à leur volonté des hommes pour absorber leur peuple et leurs terres en évitant les conflits armés. Mais cette pratique n'a plus eu lieu depuis très longtemps car elle est assez "politiquement incorrecte" (lisez le livre pour avoir les détails !).
Cette décision va avoir des conséquences terribles. Duncan, décidé à rester fidèle à son lien de vassalité, va lui-même livrer le roi Sail à Maryanor, mais cette dernière va suivre son idée et réaliser le Grand Partage malgré tout. Ce que Duncan ne voit pas, c'est que la jeune Reine vit en réalité dans la peur, qu'elle est beaucoup plus solitaire et fragile qu'il n'y parait. Ce qu'elle va faire et subir au cour de la cérémonie et dans les mois qui vont la suivre sera lourd de conséquences...
Ceci n'est que le tout début du roman et je n'en dirai pas plus !

La superbe couverture est signée Luis Royo, elle est à tomber, n'est-ce pas ? Il y a des auteurs qui ont de la chance !

c'est sur http://www.plumes-sauvages.net/article-10354469-6.html#anchorComment (cliquez sur le titre...)

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