12 mars 2007

Les secrets bien gardés de Teotihuacán




L'information date un peu, et je n'ai pas réussi à mettre la main sur la publication des résultats de l'expérience, s'ils sont sortis depuis. Toutefois, puisque je suis en train d'écrire sur Teotihuacan, qu'une partie du roman est liée à la caverne et aux tunnels et chambres qui se trouvent dessous, et puisque je reviens du Mexique où l'on explique aux touristes que les pyramides sont pleines, je trouve ce papier trèèèès intéressant. D'une part il confirme qu'elle n'est pas pleine, et que les archéologues ont effectivement trouvé au moins un tunnel, la caverne (avec le cenote) et les chambres, et d'autre part que le lien mystique que j'établis dans le roman (qui reste un roman de fantasy) entre Teotuhuacan et le monde des dieux, mais aussi avec les scientistes atlantes, est vraissemblable... enfin, façon de parler :-)

Courrier International
28/08/2003, Numero 669
Des rayons cosmiques venus du fin fond de l'Univers vont sonder l'intérieur d'une pyramide deux fois millénaire de la "cité des dieux", près de Mexico, à la recherche du mystérieux passé d'une civilisation pré-aztèque.

NEW SCIENTIST
Londres


CONTEXTE
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Dans les années 60, Luis Alvarez, de l'Université de Californie à Berkeley, avait déjà utilisé un détecteur de rayons cosmiques pour explorer la pyramide de Khephren, située à une dizaine de kilomètres du Caire, en Egypte. En raison d'une des nombreuses guerres qui ont éclaté dans la région, les recherches ne purent être parachevées, mais elles permirent tout de même à Luis Alvarez d'affirmer dans la revue Science qu'il n'avait découvert aucune chambre.




Lorsque Arturo Menchaca était étudiant en physique à l'université d'Oxford, il n'aurait jamais pensé que sa passion pour les particules subatomiques le mènerait à l'archéologie. Dans quelques jours, pourtant, Arturo Menchaca, responsable de l'Institut de physique de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), fouillera des tonnes de terre et de pierres à la recherche du tombeau d'un roi disparu il y a plusieurs siècles. Pour ce faire, il se servira d'un détecteur de rayons cosmiques, un instrument hors du commun, même à notre époque où l'archéologie fait appel à la haute technologie. Le physicien pense que les particules d'énergie élevée qui bombardent la Terre depuis l'espace permettront de dévoiler les secrets d'un monument vieux de deux mille ans : la pyramide du Soleil de Teotihuacán, près de Mexico.
La cité de Teotihuacán a été fondée en 400 av. J.-C., avec l'arrivée des premiers hommes dans la région. C'était la plus grande métropole des Amériques, la capitale d'une civilisation complexe qui a prospéré bien plus longtemps que la civilisation romaine. Mais c'est à peu près tout ce que nous savons d'elle. Par exemple, nul ne sait si elle était gouvernée par des monarques absolus, comme c'était le cas dans la plupart des cultures antiques, ou si elle était dirigée par une coalition représentant les familles les plus puissantes. Même le nom originel de la cité reste inconnu. Pour des raisons obscures, elle s'est dépeuplée autour du VIIe siècle de notre ère. Plus tard, les Aztèques la découvrirent désertée et en déduisirent que la région était peuplée d'êtres surnaturels. C'est pourquoi ils la nommèrent Teotihuacán, la "cité des dieux" dans leur langue, le nahuatl.
"Malheureusement, Teotihuacán n'a pas d'histoire. Nous ne disposons d'aucune source, orale ou écrite, susceptible de nous aider à comprendre le passé de la cité", regrette Linda Manzanilla, archéologue à l'Institut de recherches anthropologiques de l'UNAM.
L'une des plus grandes questions non élucidées de Teotihuacán concerne ses origines : qui a fondé et dirigé cette cité sacrée ? Les archéologues pensent que la réponse se trouve dans les chambres royales qui sont enfouies sous le site, mais les fouilles entreprises il y a plusieurs dizaines d'années n'ont rien révélé. La réponse viendra-t-elle de l'espace ? C'est ce que pense Arturo Menchaca. Lorsque les rayons cosmiques [un ensemble de particules de haute énergie parcourant l'Univers dans toutes les directions, dont on ne connaît pas la source exacte] pénètrent dans l'atmosphère terrestre, il se produit une collision violente mais invisible qui génère des millions de muons, minuscules particules qui ne vivent qu'un millionième de seconde. Durant ce bref laps de temps, les muons parcourent des dizaines de kilomètres et traversent la plupart des matériaux sans interaction - ou presque. En effet, à chaque obstacle traversé, une infime partie des muons est absorbée. Plus le matériau est dense, plus l'absorption est importante. Installé sous une structure quelconque, comme la pyramide du Soleil, le détecteur de rayons cosmiques permettra de mesurer indirectement la densité de la matière qui se trouve au-dessus. "Si nous détectons plus de particules que prévu en provenance d'une certaine direction, nous pourrons conclure à la présence d'un trou", explique Arturo Menchaca.
Le détecteur ressemble à un cube de 1 mètre de côté. Le dessus et le dessous du cube sont revêtus de scintillateurs qui génèrent un signal électrique et de la lumière quand ils sont percutés par des particules d'énergie élevée. Sachant qu'il faut moins d'une nanoseconde aux muons pour traverser le cube, la présence de muons sera confirmée si les deux couches de scintillateurs émettent un signal dans ce laps de temps. D'après les estimations d'Arturo Menchaca, si la pyramide du Soleil ne recèle pas de compartiments, le détecteur devrait comptabiliser 100 particules par seconde. Si ce chiffre est plus élevé, les chercheurs en déduiront qu'il existe une chambre cachée.



La phase de détection ne représente qu'une partie du travail. Les chercheurs doivent également déterminer de quelle direction proviennent les muons. Pour ce faire, 1 200 fils électriques ont été tendus dans différentes directions à l'intérieur du cube. Quand ils traversent le détecteur, les muons ionisent l'air, provoquant un champ électrique qui altère les courants circulant dans les fils.
Plus les fils sont proches de la trajectoire des muons, plus les effets sont importants. Ainsi, les chercheurs peuvent se fonder sur l'emplacement des courants altérés pour déterminer la trajectoire des muons dans le détecteur et a fortiori dans la pyramide. S'ils remarquent un nombre de muons anormalement important en provenance d'une direction particulière, ils en déduiront qu'ils ont traversé une chambre cachée.
Dernier détail : comment placer le détecteur sous la cité ? Creuser une chambre serait une solution définitive, onéreuse et susceptible de détériorer le patrimoine archéologique. Sur ce point, les chercheurs de Teotihuacán ont eu de la chance. Les premiers habitants de la cité avaient creusé un tunnel qui mène presque au coeur de la pyramide du Soleil. L'entrée est étroite mais le reste de la galerie est très spacieux. Longue de plus de 100 mètres, elle débouche sur une grande caverne qui donne sur plusieurs chambres. "L'endroit se prête parfaitement à notre expérience", se réjouit Arturo Menchaca. L'année dernière, le physicien a installé un prototype du détecteur au beau milieu de la caverne. Après des tests concluants réalisés sur le matériel et les logiciels, lui et ses collègues de l'UNAM ont construit la version finale de la machine.
Dans quelques jours, le détecteur de Teotihuacán sera placé sous la pyramide ; il y restera toute une année pour compter des millions de muons. Des gigaoctets de données seront transférés en continu sur un ordinateur situé 40 kilomètres plus loin, à l'UNAM. Là, les scientifiques décortiqueront les chiffres à la recherche d'une chambre cachée qui pourra être localisée avec une précision de cinquante centimètres. S'ils venaient à trouver une chambre royale, le plus dur resterait à faire : creuser à partir de données obtenues grâce à des rayons cosmiques. Toutefois, compte tenu du fait que les scientifiques connaîtront l'emplacement précis de la chambre, les travaux causeront moins de dégâts qu'une fouille aveugle. Si les scientifiques venaient à localiser une chambre royale, que seraient-ils susceptibles d'y trouver ? De l'or et des émeraudes attestant de la prospérité des anciens rois ? Ou de simples ossements ?
Linda Manzanilla a étudié les nombreuses fresques découvertes à Teotihuacán (aucune d'elles ne représente les monarques) et en a déduit que les habitants de la cité ne glorifiaient pas leurs dirigeants. Elle pense plutôt que le pouvoir était partagé. "L'ensemble de la cité était divisé en quatre grands secteurs. Ce chiffre, quatre, est récurrent dans l'art de Teotihuacán, ainsi que dans la place centrale d'un palais que je fouille actuellement près de la pyramide du Soleil. Tous ces signes laissent penser qu'il existait une coalition politique stable composée de quatre dirigeants", livre-t-elle. Dans un an, nous saurons sans doute, grâce aux rayons cosmiques, si l'hypothèse de Linda Manzanilla est la bonne.




Gonzalo Argandoña

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