06 février 2007

MON PAPA C'ETAIT QUELQU'UN





Tu avais plusieurs visages, et les gens qui t’ont connu ont tous une image différente de toi: fier, drôle, têtu, passionné, dur, attentif, exigeant. Solide.
Tu étais le fils unique de gens bien qui ont fait de toi quelqu’un de droit sachant ce que tu voulais, avec le sens des responsabilités. Très tôt, tu as décidé que tu aurais une famille nombreuse, tu nous a eus, nous cinq, et tu nous as élevés avec maman suivant les principes qui t’ étaient chers. Tu as beaucoup sacrifié pour cela, et bien que nous n’ayons pas tous eu le parcours dont tu avais rêvé, tu nous as donné tous les éléments dont nous aurions besoin pour nous en sortir.
Nous sommes cinq, tous très différents les uns des autres, mais peut-être tous avec une facette de ta personnalité et de ta vie, que ce soit dans nos aspirations, dans nos caractères ou dans nos décisions.


Tu avais donc plusieurs visages, peut-être parce que plusieurs origines.
La Guadeloupe, où tu es né et as vécu jusqu’à l’âge de 13 ans, la tête pleine de soleil, d’épices, de musique et de couleurs.
La Haute-Saône, berceau des Panier. Une région rude et belle où tes ancêtres ont toujours dû se battre pour vivre, un de ces coins où les caractères sont entiers et fiers, et où la notion de famille tient presque de l’esprit de clan.
Toi, Papa, tu étais ce mélange d’un homme droit et sans concession, qui aimait discuter, convaincre, débattre, parler fort, taper du poing sur la table mais aussi rire et t’occuper de tes roses, chanter le Blues du dentiste d’Henri Salvador et le bel canto de Pavarotti. Tu étais bon danseur, et tant que tes jambes te l’ont permis tu as essayé de nous enseigner ton fameux « petit » pas. Tu étais aussi un artiste de talent dont les tableaux au pastel faisaient notre fierté, et un informaticien pétri de rigueur et au sens de l’organisation poussé.
Tu as toujours été celui qui s’occupait de tout, celui vers qui tous se tournaient ou se défaussaient, parce que tu étais aussi un homme de devoir. Aujourd’hui, nous devons te dire adieu, et nous, ta famille, ton cercle, nous sommes un peu perdus. Dorénavant, il va falloir nous débrouiller seuls, en nous disant que tu ne seras plus là en cas de besoin.
Tu portais toute la famille sur tes épaules. Je l’ai dit, tu étais fils unique, tu avais rêvé de fonder une famille nombreuse, tu en étais le cœur, la charpente, le pilier central.
Tchao, papa, « gousse d’ail » comme tu aurais dit. Nous ferons de notre mieux pour que tu sois fier de nous et pour que ton rêve continue.

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